Latitude 91

Haïdar, l’écologie autrement

 

Focus sur la visite d’Haidar El Ali dans le département de l’Essonne, à l’initiative de la Licence professionnelle Protection et valorisation du patrimoine historique et culturel – une formation labellisée Université Paris-Saclay, de niveau BAC+3, relevant de l’UFR des Sciences de l’Homme et de la Société (SHS) de l’Université d’Évry. Organisée par le responsable pédagogique Abdoul Hameth Ba et les étudiants, cette rencontre a offert un échange vivant et inspirant sur les liens profonds entre écologie, mémoire collective et responsabilité citoyenne

La passion comme moteur

Haidar El Ali ne se contente pas de parler d’écologie. Il l’incarne. Ancien ministre sénégalais de l’Environnement et directeur de la Grande Muraille Verte, cet homme d’action, passionné et profondément enraciné dans la terre, livre un témoignage rare et puissant sur ce que signifie aujourd’hui « faire écologie ».

Dans une vidéo empreinte de sincérité, il raconte ses combats, ses convictions, et surtout ses actes. Car pour lui, l’écologie ne se pense pas seulement, elle se vit, se plante, se partage. Et cela commence par un geste simple : donner la vie à un arbre.

Dès les premières minutes, il pose les bases de son engagement : « Quand on aime ce qu’on fait, quand on le fait sans intérêt, mais par amour, alors tout devient possible. » Ce credo, il l’applique dans chacune de ses actions. Il s’adresse aux jeunes, les exhorte à se reconnecter à la vie et à la nature, à refuser un monde imposé par une élite financière qui accapare les ressources.

 

Réparer par la terre

L’un des moments forts de son récit se déroule à Windou Chingoli, un village impliqué dans le projet de la Grande Muraille Verte. À peine nommé à sa direction, Haidar découvre une injustice : des centaines de femmes ont été payées pour planter des arbres qui n’ont jamais poussé. Le projet a été vidé de son sens, et il décide d’intervenir de manière concrète.

4 000 citronniers et un pacte de confiance

Il revient au village avec 4 000 citronniers robustes. Chaque arbre est offert avec une condition simple : « Tant que l’arbre est vivant, il est gratuit. Mais s’il meurt, vous me devez 1 000 francs CFA. » Le geste est pris au sérieux. Les femmes s’engagent, le village entier devient témoin.

Quelques mois plus tard, les arbres sont florissants. Les femmes vendent désormais leurs propres citrons au marché. « Grâce à toi, tout le monde est content dans le village », lui dit une habitante. « Et c’est ça l’écologie », répond Haidar. « Le partage du savoir, le partage des solutions. »

Écouter la nature

Il raconte aussi une autre facette de son rapport au vivant : son écoute des arbres. Un jour, persuadé qu’un arbre soi-disant mort vit encore, il s’arrête, se recueille, parle à la plante. Une greffe, un peu d’eau, une parole quotidienne… et les bourgeons renaissent.

Pour lui, « les arbres communiquent, mais nous ne savons plus écouter. On entend Google, Facebook… mais pas la nature. » Une anecdote parmi tant d’autres qui révèlent une écologie intuitive, sensible, enracinée.

Une écologie incarnée

Haidar plonge aussi pour nettoyer les fonds marins, replante des mangroves, aide des chercheurs à localiser des épaves en « écoutant » la mer. Tout cela, il le fait sans subvention, sans attente, mû uniquement par l’amour de la terre.

Son témoignage, à la croisée de l’action, de la transmission et de la spiritualité, bouleverse les étudiants de la licence. Il montre que l’écologie n’est pas un luxe d’Occidentaux repus, mais une nécessité vitale et universelle.

Une leçon pour les générations futures

Cette rencontre dans l’Essonne, portée par l’Université d’Évry – Paris-Saclay, est un bel exemple de dialogue entre formation académique, engagement écologique et mémoire culturelle. Elle illustre combien l’écologie est aussi affaire de valeurs, de lien social, de dignité.

À l’heure où les crises climatiques s’intensifient, Haidar El Ali nous rappelle que l’espoir naît souvent d’un geste simple : planter un arbre. Et de la certitude que ce que l’on fait avec amour finit toujours par porter ses fruits.

 

Pour aller plus loin :
Visionner la vidéo complète : https://www.youtube.com/watch?v=7sUANK6Huow

Mario

Mario Manriquez est le fondateur de l'association latitude 91.

https://latitude91.fr/auteurs/mario-manriquez

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